Il y a 3 mois, j’ai oublié de respirer

C’est dur de grandir.

C’est tellement bien d’être autonome, indépendant, de faire presque tout ce que l’on veut, de se gérer.

C’est pourtant frustrant de savoir, de comprendre que l’existence demeure aléatoire, souvent injuste et irrémédiablement périssable.

Il y a 3 mois, j’ai oublié de respirer, trop absorbée à comprendre ce que cela signifiait aujourd’hui d’exister.

Un claquement de doigts, une dizaine de secondes, un petit tour er puis s’en va…

Hier, c’était toi. Demain, c’est moi ?

Est-ce ce qui rend l’existence plus précieuse ? Plus enivrante ?

Cela nous perd dans tous les cas, telle une âme esseulée en quête de réponses :

Où va-t’on ? Quelle est la meilleure destination ?

Et le temps reste muet, sourd, n’en finit pas de nous échapper.

On n’a pas fini de courir derrière des objectifs en perpétuels mouvements.

Et d’essayer de regretter le moins, d’espérer toujours, de profiter sans penser à ce qu’on aurait pu faire, ce qu’on ne fera plus, ce qui nous a été arraché, ce qui est perdu pour toujours, ce qui est rangé à jamais dans nos mémoires sélectives.

C’est dur de grandir, de croire savoir, de savoir un peu tout de même, d’être heureux malgré tout, de ne pas suivre de mauvais caps, de ne pas trop se tromper quand la chute semble pourtant assurée.

Je me souviens nos rires naïfs, nos petons dans le sable, les châteaux éphémères que nous construisions…

Je me souviens l’absence de peur, les bras rassurants de nos parents, les baisers qui solvaient le moindre doute.

Je me souviens l’insouciance. La légèreté…

C’est dur de grandir, de voir le monde comme il est au bord du gouffre, à jouer au funambule sur un fil abîmé.

Et pourtant les coeurs épargnés battent toujours tels des métronomes calibrés, il faut bien, il paraît… La machine impeccable de la vie.

Ah, pourtant c’est bien une boule dans mon ventre, un déchirement dans ma poitrine, des larmes dans mes yeux…

J’ai oublié de respirer, il y a 3 mois, un long instant, trop choquée à réaliser encore ce que la vie pouvait être douloureuse.

Et puis, mes poumons ont automatiquement repris leur rythme, expulsé le dioxyde de carbone de mes alvéoles, inspiré le précieux fluide vital.

La mécanique biologique parfaite.

Je n’oublierais pas, je n’oublierais jamais.

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