Et mon coeur a explosé…

Nous sommes faits de chair et de sang, de fluides, de milliards de cellules imbriquées les unes avec les autres…

Et puis nous sommes aussi emplis de connections, d’idées, de sentiments, de souvenirs, d’émotions

Nous sommes en partie matière mais aussi en partie esprit.

Certains apposeront une idéologie religieuse, une croyance, d’autres préfèreront rester cartésien et s’arrêter à ce qu’ils voient, ce qui est établi avec certitude. Libre à chacun.

Quoi qu’il en soit, il arrive ces moments, ces précieux moments dans la vie où nos sentiments sont si forts qu’ils outrepassent le reste.

Que nos émotions pourraient déplacer des montagnes tant elles sont riches et fortes.

J’aime à penser que ces instants sont autant de joyaux que l’existence nous réserve. Tant de bonheurs uniques et précieux.

Vendredi 13 juin, dans le bus pour New York, en route pour voir les êtres qui comptent le plus pour moi, j’étais fébrile, complètement impatiente et excitée.

Dans mon ventre, comme une boule me serrait pour me permettre de ne pas me répandre complètement sous le poids de toutes ces émotions.

Dans mon sang, comme un ennivrement enfièvré pour me griser et supporter les dernières heures d’attente.

Et enfin, 17h30, mon bus s’est enfin arrêté. Mes jambes en coton m’ont porté et New York sous mes pieds palpitait.

La ville de son bruit m’a presque bercé, m’a calmé comme Paris avait autrefois le pouvoir de m’apaiser.

Un peu sonnée, mes yeux ont erré partout, perdus, confus…

Et enfin, elle était tout simplement là, je l’ai aperçu, ma soeur, mon essentielle, juste là, à mes côtés. Sans plus aucun océan entre nous.

Et un feu d’artifice a embrasé mon coeur.

Quelle chance, nous avons, nous, humains, de pouvoir vivre ces spéciales minutes, de partager autant d’amour.

Quelle chance de serrer enfin sa famille contre soi, de se rendre compte qu’on appartient bien à un clan, de pouvoir leur dire…

Putain, comme je vous aime !

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La boule au ventre est revenue, il y a deux jours, je ne faisais pas la fière.

Aujourd’hui, j’ai raccompagné mes parents et ma soeur.

À l’intérieur de mon être, une peine sourde s’installait, mes doigts tremblotaient discrètement.

J’ai encore une fois mesurer la chance de les serrer contre moi, de les avoir eu quelques jours, d’être réunis.

Je les ai embrassé, ai rigolé pour dédramatiser, serré les dents à les faire grincer, dissimulé ma tristesse au fond de mon être.

On s’est dit au revoir comme on s’excuse et ils sont montés dans le bus.

J’ai secoué mon bras telle un automate. Le bus a démarré et j’ai capturé l’image de ma famille une dernière fois.

Puis, trop simplement, ils ont disparu au coin d’un carrefour.

Le brouhaha de la rue m’a rattrapé d’un coup, la clarté du soleil m’a comme assommé, tous mes sens se sont réveillés soudainement, en osmose.

N’étant plus anesthésiée, ma solitude et ma tristesse m’ont frappé sans ménagement.

J’ai cherché ma soeur des yeux dans les rues de Washington comme une personne assoiffée dans le désert espèrerait miraculeusement trouver de l’eau.

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Mon esprit divaguait, j’ai commencé à me raisonner en me disant qu’on se reverrait bientôt, que ce n’était pas quelques mois qui changeraient quoi que ce soit à notre relation privilégiée.

J’ai essayé de me convaincre que je n’étais pas triste.

Mais mes larmes de crocodile noyaient déjà mes joues.

Quelle chance, nous avons, nous, humains, de pouvoir vivre ces spéciales minutes, de partager autant d’amour. Même quand cela nous fait souffrir, même quand cela nous déchire de quitter ces êtres si importants.

Tout cela vaut décidément la peine.

Cela nous rend toujours plus  vivant(e).

 

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