« Oh non, moi, je ne suis pas féministe »

J’ai tenu un bon moment avant de réécrire à propos de féminisme, conditions de la femme, monde juste, etc…

J’ai même réussi à ne pas surfer sur la vague #metoo pour écrire un article où je me serais encore indignée alors que j’ai la chance de ne pas avoir subi de violences sexuelles.

Mais la pudeur étant passée, me voilà une nouvelle fois à déballer mon constat attristé et quotidien du boulot sociétal effarant qu’il reste à faire.

Les rares fois où je m’exprime désormais, sont des instants brefs, choisis. J’ai compris qu’il ne servait à pas grand chose de s’énerver et d’exposer son discours enflammé sur le sexisme. Cela peut vous sembler banal mais l’année dernière, j’étais encore emplie de fougue sur le sujet. Je m’énervais franchement sur le sujet et il était dur de m’arrêter.

Je conserve mes discours passionnés à mes très proches amis (merci de me supporter, cœur sur vous) ou à mon chéri (aka Patou <3).

Et je dois dire que lorsque vous dites calmement à votre interlocuteur: « je ne suis pas d’accord avec ce que tu viens de dire », la plupart,  étonnés par le ton apaisé sont curieux de comprendre ce qui peut bien me chiffonner.

Evidemment, l’échange qui s’en suit ne résoud pas toutes les discordances mais c’est un début pour arracher les oeillères si solidement vissées.

Hélas malgré mon travail sur ma communication, mon ton simple, le pire, c’est qu’il y a encore des personnes qui me disent au bout de quelques minutes: « oui, oui, je comprends, mais moi, oula, non, je ne suis pas féministe« .

Et en creusant le couperet tombe: « les féministes se sont des hystériques qui détestent les hommes »

Waouh

Upercut…

Argument foudroyant

Du même niveau que de balancer, “les hommes sont tous des machos, des c*ns “ et j’en passe.

Et encore, j’en rirais volontiers si je n’avais entendu ce propos qu’une fois ou deux mais il est malheureusement répandu.

Qu’y a-t’il donc de si horrible derrière ce terme, « féminisme » pour que tant de monde ne souhaite pas y être associé ?

Selon le Larousse, le féminisme est « l’attitude de quelqu’un qui vise à étendre le rôle et les droits des femmes »

Ah. Oui, en fait, écrit comme ça, cela semble assez sensé et pas trop méchant.

Mais tout de même, apportons un peu de matière à cette définition, peut-être qu’on a loupé un truc… Le CNRTL explique que le féminisme est un « mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique; doctrine, idéologie correspondante. »

Ok, bon, définition plus fournie mais toute aussi simple dans sa justesse.

Alors qu’est-ce qu’on a à ne pas vouloir avoir un peu de courage, d’appeler un chat un chat et de prendre de vraies positions ?

Tu souhaiterais que la condition de la femme s’améliore dans notre société, dans le monde ? Tu penses qu’il faudrait un peu plus de justice, d’équilibre entre les hommes et les femmes ? Laisse moi te dire que tu es féministe et respire, ça va bien se passer, il n’y a rien de grave à cela.

Et oui, oui, je sais : les choses s’améliorent. La société se rend compte des barrières à abattre et de la pression sociale toujours présente.

Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se dire que tout est terminé, il y a encore un boulot de dingue.

Il y a encore beaucoup de personnes, des gens très bien, qui s’émerveillent quand accueillis chez nous, il constate que mon mec a « participé » (rien que cette formulation est problématique) à l’élaboration du repas ou au ménage. Et me disent à moi: « c’est bien, ne te laisse pas faire, il faut leur donner des responsabilités ».

Wow

Je n’avais pas conscience que j’étais un coach avec pour mission « d’apprendre » à mon mec comment gérer une partie de NOS tâches ménagères.

Le problème est majeur car les propos relatés au dessus sont tenus par des femmes.

J’aimerais que les œillères soient ôtées, que chacun se rende compte de ce que cela signifie de naître fille dans le monde.

Je souhaiterais qu’un jour, on arrête de dire d’une nana, qui l’ouvre pour dire ce qu’elle pense, que c’est une chieuse, une drama queen, une “casse-couille”. Alors qu’à côté, un gars sera juste une grande gueule avec du caractère.

Dans beaucoup de pays, une fille n’ira peut-être pas à l’école, sera peut-être excisée, ou sera peut-être tuée car considéré conme un être inférieur et que c’est tellement mieux d’être un garçon.

Alors en France, cela signifie « juste » être moins payée (à responsabilités et expérience égales), à réaliser plus de tâches ménagères, à s’occuper plus du foyer, à être plus jugée sur leur apparence, à devoir se conformer à des tonnes de dictats et stéréotypes… à être harcelée moralement et/ou physiquement.

Ça me semble tout de même pas mal.

Alors, je suis féministe. Mon mec l’est.

Je crois que vous pourriez l’être si ce n’est pas déjà le cas.

Et surtout ne jamais en avoir honte.

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