Il y a un an, je suis revenue dans ma capitale.
Mes pieds ridiculement petits se sont réhabitués à taper le béton en cadence, à éviter les pigeons, à slalomer entre les piétons et voyageurs du métro, à lever la tête pour toujours découvrir de nouveaux détails autour de moi.
Mon nouveau quartier entre la République et Belleville est devenu mon territoire, j’y suis désormais chez moi.
Son aspect populaire, simple, m’a convaincu par sa frénésie, son chahut incessant et sa mixité sans faille.
Sa jeunesse, son ambiance décontractée, parfois hipster m’a laissé perplexe et je me suis finalement habituée, prêtée à ce mouvement tendance et si parisien, à l’observer au quotidien comme une douce et gentille curiosité.
Un an , je retrouve mon Paris, ces quartiers, son rythme, son pouls.
Et pourtant, il y a plusieurs semaines, nous avons eu peur.
L’horreur s’est invitée dans ses rues voisines et endroits familiers.
Pour la première fois de ma vie, en 25 ans à Paris, ma ville m’effrayait, le moindre bruit me faisait sursauter.
Paris ne me rassurait plus, n’apaisait pas mon coeur.
Dans les rues, je passais en coup de vent, trop effrayée de m’y attarder. Dans le métro, je demeurais tendue et stressée.
Je ne voulais plus aller dans les cafés, au restaurant, au cinéma, dans aucun endroit trop peuplé.
Un groupe de zinzins, des kalash, des myriades de balles m’ont dérobé, nous ont volé la quiétude de notre environnement habituel.
Aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus vivre dans la crainte azimut, j’ai décidé de sortir, vivre chaque instant.
Éviter d’être paranoïaque sans non plus minimiser, ni être stupide.
La vie reprend dans Paris, cette ville trop lumineuse ne saurait s’éteindre comme cela. Son coeur bat toujours.
Les parisiens râlent toujours dans les transports, les piétons courent encore et ne respectent pas les feux leur imposant pourtant de stopper leur cadence.
De délicieuses odeurs s’échappent des boulangeries.
Les cafés, restaurants se remplissent au grès des heures du jour et de la nuit.
Je sors rive droite, rive gauche.
La Seine continue de couler sous les ponts. La Tour Eiffel scintille à travers les nuages.
Paris demeure Paris, et les touristes s’exclament toujours trés fort : « Paris is magic ».